Articles du JSD

Articles du JSD (Journal de St-Denis)

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04/03/2009
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Réquisition rue Jean-Mermoz (1)

La Poste assigne le DAL
Le lundi 9 mars, le tribunal d’instance de Saint-Denis se prononcera sur l’assignation en référé engagée par La Poste contre l’association Droit au logement, afin d’obtenir l’expulsion de son immeuble de la rue Jean-Mermoz. À la direction départementale de la Poste, on fait valoir que la présence des huit familles de mal logés depuis le 14 février « est une entrave au projet de logements sociaux » qui serait envisagé pour ce bâtiment. De son côté, et malgré l’injonction formulée par la préfecture le 26 février, le maire de Saint-Denis refuse de retirer l’arrêté de réquisition qu’il avait pris le 24 février pour soutenir l’occupation de cet immeuble vide investi par le DAL, Réseau solidarité logement et de nombreuses autres associations, syndicats et partis de gauche. Réunis dans un comité de soutien qui édite un blog (http://requisition-logement-stdenis.over-blog.com), ils appellent à plusieurs rassemblements dont ce prochain lundi à 9h devant le tribunal.
M. L.
Réquisition rue Jean-Mermoz (2)
Précision du comité de soutien
Le comité de soutien à la réquisition des logements vides à la Poste estime que le Journal de Saint-Denis « véhicule une idée inexacte » quand il rend compte de cette action. Dans un communiqué, ce comité précise que le JSD fait complètement disparaître le Réseau solidarité logement du paysage associatif local et ne fait intervenir le comité unitaire qu’en soutien au DAL. Or, selon les signataires de cette mise au point, « c’est la réussite de ce cadre unitaire, qui rassemble associations, syndicats, partis politiques, élus… qui a permis la réussite de la réquisition et le développement de la campagne pour que soit établi par la Préfecture un inventaire de logements vides et qu’elle les réquisitionne ».

03-Mar-2009

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23/02/2009
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Visite aux familles logées dans un immeuble de La Poste« Si je tiens, c’est grâce à mes enfants »Depuis le 14 février, avec le soutien de nombreuses associations locales et de la municipalité, huit familles sans logement occupent des appartements vides appartenant à La Poste, rue Jean-Mermoz. Ces nouveaux occupants expliquent leur galère quotidienne et pourquoi ils en sont arrivés là.

Depuis qu’elle est en France, la vie de Sadio est un enfer. Après avoir été hébergée chez une cousine puis chez un ami, elle a écumé les chambres d’hôtels dans toute l’Île-de-France, via le 115, mais aussi les squats et les campements de fortune dans les rues de Saint-Denis. Pour survivre, Sadio enchaîne vaille que vaille les boulots à la petite semaine, le lot de ceux qui n’ont pas d’adresse fixe. « Tout dernièrement, j’ai vécu dans un hôtel pendant huit mois à Garges-lès-Gonesse jusqu’à ce qu’on m’en chasse du jour au lendemain, sans raison », explique la jeune femme. Aujourd’hui, cette mère d’un petit Chérif se dit soulagée « de pouvoir dormir et [se] laver tous les jours, même si [sa] situation n’est pas encore réglée », dans l’un des appartements de l’immeuble appartenant à La Poste réquisitionné samedi 14 février par le DAL avec le soutien de nombreuses associations dionysiennes, de partis politiques et de la mairie. En revanche, elle a perdu en route toutes les illusions qui l’avaient fait venir en France. « Ici, je pensais pouvoir travailler, réussir et aider ma famille au Mali suite au décès de mon père, regrette-t-elle amèrement. Vue de mon pays, la France est un pays d’humanité et de solidarité… Le Mali me manque. »
Les expulsions d’hôtels, les squats et le 115

Un étage plus haut vit Moussa, sa femme et leurs deux enfants en bas âge. La pièce où il nous reçoit n’est pas encore chauffée. Un canapé, une télévision et un poster de foot servent d’unique décor. « Depuis qu’on se trouve dans cet appartement, on va tous vraiment mieux », confie cet homme de 34 ans qui, par ailleurs, a été nommé porte-parole des familles. Lui aussi a connu les expulsions d’hôtels, les squats et le 115. « Le problème principal avec le 115, c’est qu’on est sans cesse ballotté d’une commune à l’autre, un jour à Gagny, le lendemain à Corbeil-Essonnes. Pour les enfants, c’est horrible. » Il est arrivé en France en 2000 et n’a encore jamais trouvé de logement. « Pourtant je travaille et je paie des impôts », s’insurge Moussa. Sa demande de logement dort parmi les milliers d’autres dossiers en mairie de Saint-Denis depuis 2004. « Dans cette ville, cela a récemment été prouvé, il y a des dizaines et des dizaines d’appartements vides qui appartiennent à des sociétés privées spéculatrices. Pendant ce temps, des dizaines et des dizaines de gens comme moi crèvent dehors. La sous-préfecture nous promet que la situation va s’arranger, alors forcément on espère. Espérer, c’est d’ailleurs la seule chose qu’on est en mesure de faire. »
Abdoul Karim, 26 ans, dit de lui qu’il est un paradoxe : « Je suis un travailleur sans logement, il y a là quelque chose qui cloche, n’est-ce pas ? questionne-t-il. Le boulot me prend mes nuits et mes week-ends, mais je n’ai pas le droit de me reposer normalement. » Avant de se retrouver dans pareille situation, Abdoul Karim louait une chambre dans un foyer à Saint-Ouen. Jusqu’à ce que le règlement du centre le rattrape.
« Je suis un travailleur sans logement »

« C’est comme ça, au bout de deux ans, il faut laisser sa place à quelqu’un d’autre », précise-t-il. Il n’a alors nulle part où aller. Et comme la plupart des demandeurs de logement social, sa démarche n’a pas encore abouti. « J’ai déposé des dossiers à la mairie du 19e arrondissement de Paris, car mes parents y vivaient, à Saint-Ouen et à Saint-Denis. Partout la même réponse : “Pour l’instant, nous n’avons rien, il faut patienter monsieur.” » Patienter ? Mais jusqu’à quand ? »
« On a peur tous les jours », lâche Soraya. Depuis qu’elle et ses deux enfants occupent cet appartement, il lui est impossible de trouver le sommeil. L’éventualité que la police puisse y faire irruption à tout moment pour les expulser l’angoisse en permanence. « Quand je vois dehors un gyrophare, je me dis : “C’est fini, ils vont venir nous chercher” », avoue-t-elle. Une peur renforcée par la présence du commissariat situé juste en face de l’immeuble et qui « l’oblige à faire le guet en bas ».
« Je n’ai jamais eu de chez moi »

Commencé en 1995, le parcours de Soraya en France va de galères en difficultés. « Je n’ai jamais eu de chez moi, déclare cette femme aux traits tirés. Ma fille Chayma, qui a aujourd’hui 10 ans, est née et a grandi dans un hôtel, elle n’a jamais eu sa propre chambre. Dans son école, certains de ses petits camarades l’ont appris et ils la traitent de SDF. Évidemment, elle est très perturbée. Le soir elle rentre en pleurant. » Il y a encore peu, Soraya faisait « des ménages chez les gens », mais a préféré arrêter pour se consacrer exclusivement à la recherche d’un appartement. « Concilier les deux était devenu chose impossible, j’ai donc temporairement sacrifié mon emploi que je reprendrai quand j’aurai trouvé un toit. » Récemment, pendant quelques mois elle et sa famille ont été accueillies par des parents d’élèves de l’école Jules-Vallès à Saint-Denis, là où est scolarisée sa fille. « Ils ont tous été formidables, mais à la longue cela devenait gênant, nous étions quand même chez eux. Nous sommes donc logiquement partis. » Et de s’épancher : « Parfois, j’ai envie de tout abandonner, de ne plus me battre. Si je tiens, c’est grâce à mes enfants. »
Après la rue de la Banque à Paris où il a passé tout l’hiver l’an dernier à « dormir sous une bâche », Mohamed a finalement élu domicile dans un des appartements de La Poste qu’il partage avec Soraya. Sa femme et ses deux enfants sont hébergés chez des amis « à droite à gauche car je ne veux pas les embarquer dans ma galère ». En deux ans, la vie de Mohamed a vite basculé au cauchemar quand il perd subitement l’appartement et le café-restaurant de la Plaine, dont il est propriétaire, pour des raisons complexes. Trois tentatives de suicide plus tard, il assure aujourd’hui reprendre goût à la vie. Il travaille de temps en temps comme pizzaïolo et se met au défi d’ouvrir une pizzeria une fois qu’il aura trouvé un appartement. « Par contre, si la police me fout dehors, je retournerai rue de la Banque. »
Grégoire Remund


ÉCLAIRAGE

Le maire a signé l'arrêté de réquisition

Symboliquement, samedi 21 février, l’immeuble occupé rue Jean-Mermoz a été inauguré en présence des familles et de leurs soutiens à l’occasion d’un rassemblement sur place. De son côté, La Poste a indiqué ne pas souhaiter aller à l’affrontement avec les familles, et envisage la transformation de ces appartements en logements sociaux… Une fois qu’ils auront été évacués. Pour La Poste, il appartiendrait à la mairie de reloger les familles, proposition que la Ville rejette. En revanche, lors de cette inauguration, le maire Didier Paillard a annoncé son intention de prendre dans les prochains jours un arrêté de réquisition des locaux concernés, arrêté qu'il a signé en début de semaine. Comme l’ensemble des soutiens, le DAL 93 s’est félicité de cette annonce, espérant que la préfecture ne remettait pas en cause cette décision. En cas de réquisition, les occupants doivent verser une indemnité d’occupation au propriétaire.

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16/02/2009
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