Articles de l'humanité


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le 20 février 2009

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Réquisition à Saint-Denis

Logement. Huit familles ont investi un bâtiment vacant de La Poste.

Ils sont quelques-uns à assurer à tour de rôle la garde du bâtiment. Le matin. En journée. Et la nuit. Depuis le 14 février, huit familles occupent un immeuble appartenant à la Poste, rue Jean-Mermoz à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Face au commissariat. Cet ancien foyer, destiné à loger les salariés de l’opérateur postal, est laissé à l’abandon depuis 2002. L’immeuble de trois étages abrite des appartements de quatre ou cinq pièces, une cuisine commune, des douches. Et dispose même du chauffage, de l’eau et de l’électricité.


Les familles qui ont investi les lieux sont habituellement herbergées dans des hôtels, des squats, chez des amis, sous le coup d’une expulsion ou à la rue. Soutenues par un large collectif qui regroupe plus de vingt syndicats, associations ou formations politiques (Réseau Solidarité Logement, le DAL, le PCF, Alternative Libertaire, le NPA ou Les Verts), ces familles sont bien connues de la préfecture. Toutes ont en effet participé à des campements en face de la mairie ou dans le quartier des Francs-Moisins. Toutes ont également reçu l’assurance de se voir proposer une solution par le préfet. Elles attendent toujours. Comme 60 000 autres, inscrites sur les listes d’attente de logement social dans le département.


Les militants du Réseau solidarité logement travaillent depuis plusieurs mois à cette occupation. « S’agissant d’un immeuble de La Poste, notre réseau n’était pas en capacité de gérer seul l’occupation, explique Jean-Marc, un militant. C’est pour cela que l’on a créé un cadre plus large et unitaire. L’intérêt de cet immeuble vacant, c’est qu’il pose la question de la réquisition. » Inscrite dans la loi de 1945, la réquisition peut en effet être ordonnée par le maire ou le préfet. À ce jour, Didier Paillard, le maire de Saint-Denis (PCF), est solidaire du mouvement mais n’a pas encore prononcé l’arrêté. Il est actuellement en discussion avec Poste-Immo, filiale qui gère le patrimoine immobilier de La Poste, qui a porté plainte contre les familles. Selon les militants, la société aurait souhaité réhabiliter l’immeuble afin de le valoriser et de le céder à un promoteur. La Poste, de son côté, assure travailler à un projet social. Depuis 2005, La Poste se sépare pourtant de milliers de logements. Quid de celui de Saint-Denis ?


Lina Sankari

 

http://www.humanite.fr/2009-02-20_Societe_Requisition-a-Saint-Denis

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